Après une longue journée de travail, au terme d'une session d'examen, même à la fin
des vacances, vous pouvez vous sentir fatigué, épuisé, voire même en détresse
émotionnelle.
Le climat général autour de nous est marqué par les crises, les tensions, nous mettant
plus ou moins sous pression. L'atmosphère générale est au pessimisme, à l'agressivité
et à la revendication. Le vent qui gonflait nos voiles semble contraire ou absent, nous
réduisant à l'impuissance et rendant le sentiment d'isolement bien lourd à porter.
L'équipage s'agite, s'inquiète, se dispute et se laisse envahir par la colère. Notre
bateau a rendez-vous avec la dépression, dans les eaux troubles de découragement a
plusieurs niveaux. Je distinguerai trois grands types possibles de dépression en
précisant leurs caractéristiques principales:
ASPECT |
Découragement
(bénin) |
Abattement
(sérieux) |
Désespoir
(grave) |
Intellectuel |
Manque d'assurance
Dépit
Pitié de soi |
Auto critique
Emportement
Pitié de soi |
Rejet de soi
Amertume
Pitié de soi |
Physique |
Perte de
l'appétit
Insomnie
Apparence négligée |
Apathie
Hypocondrie
Cafard |
Isolement
Passivité
Catatonie |
Psychique |
Mécontentement
Tristesse
Irritabilité |
Angoisse
Chagrin
Solitude |
Désespérance
Troubles
Démission |
Spirituel |
Mise en doute
de la volonté de la personne transcendante
Contestation
Ingratitude
Incrédulité |
Ressentiment
envers Dieu
Rejet
Hostilité ouverte |
Rancur
Divinité rendue responsable de mes malheurs |
Je pense qu'il est important d'identifier les peurs qui peuvent constituer autant de vents
contraires à la bonne poursuite de notre croisière:
1. la peur,
cette émotion provoquée par la prise de conscience d'un danger. Elle est une réaction
affective normale de l'organisme lié à une menace réelle (sentiment d'inquiétude
douloureuse), lié à une source (stimulus) identifiable et perçue comme dangereuse.
2. l'angoisse: du latin angor,
dérivé de augustia (lieu resserré), est une peur irrationnelle, sans objet, un
sentiment pénible de profond malaise, qui exprime une inquiétude profonde. Elle est
déterminée par l'impression diffuse d'un danger vague, imminent, devant lequel on est
désarmé et impuissant.
3. l'anxiété: est un état affectif
caractérisé par un sentiment d'inquiétude, d'insécurité, d'appréhension, de troubles
psychiques et physiques, d'attente d'un danger indéterminé devant lequel on est
impuissant. Elle est différente de l'angoisse car elle ne provoque pas de modifications
physiologiques notables (sentiment d'étouffement, sueurs, accélération du pouls...).
Dans l'anxiété, la pensée tient une place plus important que dans l'angoisse, qui est
un état purement affectif. L'anxieux n'est jamais tranquille, il s'inquiète pour sa
situation , se demande s'il est compétent...
Tous ces ingrédients sont aiguisés par notre époque marquée par le stress, cet état
de perturbation provoqué par des agents agressifs variés: le froid, la maladie,
l'émotion mal contrôlée, les chocs, la violence, la précarisation du travail,
l'instabilité, le chômage. Nous sommes aussi confrontés à toutes sortes de deuils:
l'état dans lequel l'individu ou la famille éprouve une perte réelle ou le sentiment
d'une perte telle qu'une personne, un objet, une fonction, un statut. Il peut aussi s'agir
de la réaction à une perte prochaine, dans ce que l'on peur appeler le deuil par
anticipation.
Chacun d'entre nous a aussi rendez-vous avec la maladie, la peur de la souffrance, de la
séparation, de l'abandon, avec les différentes réactions possibles: la révolte, la
honte, le stoïcisme (j'affronte avec courage), le divertissement (je m(engouffre dans
l'amusement pour essayer d'oublier), le désespoir, la culpabilité (je suis puni pour
telle faute commise), le fatalisme (je n'ai qu'à m'incliner), la colère, l'hostilité,
la rancur...
Parmi les remèdes simples je propose quelques jalons:
* prendre conscience des sentiments qui m'habitent (colère, amertume, peur,
désespoir, angoisse, anxiété...),
* les verbaliser, en parler avec une personne de confiance,
* analyser les comportements inadaptés qu'ils produisent: agressivité, isolement,
hostilité latente ou ouverte, repli sur soi, critiques permanentes, en vouloir à soi,
aux autres, à la vie...
* remplacer les sentiments négatifs par des éléments positifs et des attitudes
adaptées: relativiser, donner du "temps au temps", pardonner, faire preuve
d'humour. Investir dans les relations et l'aventure de la vie. Prendre l'air, aller au
soleil, pratiquer un sport...
Je me sens "complètement cuit"
Il peut aussi arriver que je me "sente complètement cuit", épuisé, avec une
impression d'inutilité, d'échec et d'impuissance, au cur de ce que les anglophones
nomment le "Burn-out". C'est un peu comme si ma batterie était à plat, comme
si mes voiles étaient dégonflées, mais que le navire devait quand-même encore avancer
à pleine vitesse, sans savoir la bonne marche à suivre, ayant perdu le bon cap! La vie
à bord présente les caractéristiques suivantes:
* les problèmes s'accumulent, chaque jour apporte son lots de nouveaux
nuages, plus sombres et plus menaçants que les précédents,
* je ne peux plus faire face à toutes les manuvres quotidiennes à effectuer. La
frustration s'installe,
* l'élan du départ de la traversée cède la pas à la fatigue et à la saturation,
* les activités ne sont plus imprégnées de joie et de dynamisme, c'est la routine qui
l'emporte,
* la vent du changement ne souffle plus, c'est la stagnation et la résignation,
on pensait pouvoir changer les gens, mais ils ne bougent pas. On est désabusé, fatigué
du point de vue physique (problème de sommeil, troubles somatiques), du point de vue
affectif (dépression, pleurs, solitude, isolement...), du point de vue
intellectuel-cognitif (mauvaise image de soi, auto-dépréciation, manque d'estime de
soi), du point de vue relationnel (désengagement, généralisations abusives: "Elles
sont toutes pareilles)..;) et du point de vue spirituel (rejet du transcendant, critiques
à son égard, nihilisme).
Quelques remèdes de plus
En plus de la conscientisation, qui permet de se rendre compte de la situation réelle, il
s'agit aussi de parvenir à une bonne gestion du temps et à une meilleure maîtrise de
notre espace relationnel (voir nos sites respectifs à ce sujet).
Aménager des moments de calme, de repos, de méditation. Un proverbe asiatique le dit:
"Au cur de cyclone pourrait dormir un enfant. Au cur de la tempête, je
peux trouver la paix et la sérénité, je suis en sécurité.
Savoir à nouveau se réjouir, trouver des occasions de faire la fête et de partager,
S'adonner à un minimum d'activités physiques: respirer, marcher, faire des promenades,
nager; tout en sachant se détendre.
Parler, discuter, échanger, tisser la toile relationnelle,
Accepter l'aide d'autrui et celle "d'En Haut",
Ne pas se charger de tous les fardeaux du monde. "Accomplir son ouvrage"
quotidien, pas celui des autres.
Accepter ses propres limites et petit à petit les dépasser, mais sans consommer trop
d'énergie .
Apprendre à se connaître, s'accepter tel que l'on est, et tel que l'on peut devenir
transformé par la grâce: "je te loue d'être une créature si merveilleuse".
Se fixer des objectifs réalistes: réalistes en eux-mêmes et par rapport aux moyens
actuels dont je dispose pour les atteindre.
Ne pas considérer une faille d'un moment comme une faillite définitive, en apprenant à
relativiser les événements et les expériences, en les plaçant dans un contexte qui
leur donne leur plein sens et leur juste mesure.
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