L'être
humain est unique, doué d'une
intelligence, d'une conscience, d'une pensée, d'une capacité de
communication; de la possibilité de gérer les trois dimensions du
temps (passé, présent, futur). Il est un être unique, qui a des
attentes, des besoins (biologiques, psychologiques, sociaux,
culturels, spirituels). Il est en perpétuel devenir, en interaction
avec son environnement, responsable et libre, il peut s'adapter, et
forme un tout indivisible (approche holistique: différentes
dimensions et plusieurs registres, mais qui forment un tout
indivisible, irréductible, composé de l'interaction entre les
différents éléments). La santé
est ce cheminement vers une augmentation et un élargissement du
champ de conscience, de la lucidité, le développement du sentiment
de l'harmonie avec soi, avec les autres, et avec l'environnement au
sein duquel il vit. Aussi dans l'accord avec le groupe de référence
et le groupe d'appartenance. Il s'agit plus d'un équilibre à
trouver que d'un état à maintenir.
Une
démarche de soins
consiste à voir des symptômes de dysfonctionnement, des signes de
perturbations, mais aussi à rechercher des causes, pour surmonter,
éviter les troubles, et trouver un haut niveau de mieux-être (voire
de bien être) par la mise en marche du dynamisme d'expériences
positives de croissance.
Selon
l'Organisation Mondiale de la Santé, il y a plusieurs conditions
préalables à la santé:
-
La
disparition de la menace de guerre
-
L'égalité
des chances pour tous
-
La
couverture des besoins fondamentaux pour tous
-
Une
volonté politique de soutien à la population
-
Une
conception globale, cherchant à ajouter la vie aux années et les
années à la vie
La santé
est définie comme un état de complet bien-être physique, mental et
social et ne consiste pas seulement en absence de maladie ou
d'infirmité: elle est un droit fondamental de tout être humain...
C'est moins l'absence de maladie que l'aptitude à exercer
efficacement les fonctions requises pour un milieu donné. Comme ce
milieu ne cesse d'évoluer, la santé désigne aussi ce processus
d'adaptation continuelle aux innombrables microbes, irritants,
tensions et problèmes auxquels l'être humain doit faire face chaque
jour.
La santé
est donc liée aux conditions de vie, qu'elles soient d'ordre
biologique, affectif, économique ou social (capacité de grandir, de
vieillir, de souffrir, d'être heureux, d'attendre la mort avec
sérénité...), mais aussi au sens que chacun peut donner à son
existence. Elle suppose l'angoisse, la peur, mais aussi les
ressources intérieures et extérieures pour vivre avec l'angoisse,
la peur... Elle concerne aussi la sérénité, le degré de paix
auquel on peut parvenir.
La
maladie pour le malade: tomber malade,
c'est avoir mal,
c'est aussi avoir du mal à
fonctionner comme organisme: à se lever ou à se tenir debout, à
avaler, à marcher, à voir, à respirer (ressentir la douleur, des
gênes, des incapacités)
C'est
aussi avoir du mal
à fonctionner comme être humain, comme membre d'un groupe, de la
société comme père, comme ménagère, travailleur, citoyen,
croyant... (c'est vivre une perturbation des rôles)
Du coup
c'est aussi être ému
de colère, de pitié pour soi-même, d'un lâche soulagement ou de
jalousie pour les biens portants, etc... C'est aussi être ému
d'inquiétudes:
la douleur va-t-elle persister, céder, s'aggraver? La gêne,
l'incapacité partielle va-t-elle s'étendre, s'installer? Est-ce un
mauvais moment à passer, ou l'invalidité définitive, ou la mort
qui vient? Qui va s'occuper de moi, prendre soin des enfants, payer
la note, achever mon travail? Mon patron va-t-il me garder? Le
médecin ne se trompe-t-il pas? etc...
Etre
malade, c'est aussi devenir dépendant
des autres qui vont me porter, me veiller, me nourrir, me soigner, me
laver, me remplacer, ou me négliger, et m'imposer leur choix.
C'est
aussi vivre des ruptures et des crises: être éprouvé par la
douleur, par l'incapacité, par la peur, par la dépendance. C'est
être différent:
différent des autres, différent de ce que j'étais avant.
L'ensemble de mes activités, des mes habitudes, de mes projets, de
mes espoirs, des règles aussi selon lesquelles j'évalue
l'importance des choses, des autres, de mes propres actions, va se
trouver peu à peu bouleversé,
remanié.
Je vais
me trouver embarqué dans un conflit
d'interprétations: je penserai la
maladie comme agression externe ou démission, effondrement, trahison
interne, comme injuste ou comme juste punition, parfois comme
autopunition, comme accident ou destin ou vocation, comme fuite ou
combat, et toujours comme épreuve, épreuve de soi et des autres.
Il ne
faut pas seulement interpréter la maladie comme elle-même, mais à
partir d'elle, réévaluer, réexaminer, réinterpréter
toute ma vie, mon entourage, mes choix
et mes buts. Il me faut renégocier
mes relations avec les autres, mes projets et mes espoirs.
On espère guérir, c'est-à-dire reprendre comme avant; on espère
s'adapter, se rééduquer, apprendre à compenser ce qu'on ne
récupérera pas; avoir une nuit tranquille, revoir ceux qu'on aime;
en réchapper, ou finir vite; transmettre son bien, un exemple, sa
foi, laisser un souvenir...
On doit
non seulement interpréter sa maladie: on la conduit,
elle vous offre des choix, on réagit, on la ménage. Vais-je
m'avouer ou ignorer mon mal, l'avouer ou le cacher à mon entourage,
l'attaquer ou temporiser, le combattre ou abdiquer, appeler le
médecin ou consulter la voyante, croire ou non le médecin, suivre
ou non son traitement, ou en prendre et en laisser, arrêter ou
poursuivre mon travail, gémir ou serrer les dents. Vais-je utiliser
ma maladie comme évasion ou alibi, comme un instrument de chantage,
comme rôle social. Quel pourrait être aujourd'hui un bon usage de
la maladie? Quel parti tirer de cette épreuve?
Nous
sommes comme un arbre, en nous développant du centre vers la
périphérie: si on en fait la coupe, les couches les plus anciennes
se trouvent au milieu. De même pour l'homme: les expériences les
plus anciennes sont les plus profondes (rôle de l'inconscient, des
acquisitions avant le langage).
L'équilibre
mental est l'équilibre de tout
l'organisme et la bonne santé mentale signifie qu'on est en
équilibre double: d'une part interne
(en paix avec soi-même), d'autre part externe
(en paix avec tout ce qui nous entoure: les conditions physiques, le
groupe familial, social...). Quand cet équilibre est rompu, la
maladie mentale pointe le bout de son nez, on est "déséquilibré",
mais cette rupture d'équilibre peut représenter différents degrés
de gravité, au point d'interdire toute activité et qu'on devient
dangereux, pour soi et/ou pour les autres (dépression nerveuse,
phobies, obsessions, schizophrénie, alcool, dépendances...).
Il est
important de rétablir un triple équilibre:
-
l'équilibre
physico-chimique (électrique d'une
part, endocrinien et humoral d'autre part);
-
l'équilibre
personnel: l'être bien portant goûte
pleinement aux trois dimensions du temps : il s'accepte et
accepte son passé, vit pleinement le présent (l’environnement y
est plus perçu come un jardin à cultiver et à développer qu’une
jungle où triomphe le plus fort), et l’avenir se présente comme
une aventure exaltante, sur le chemin de la découverte et des
nombreux apprentissages;
-
l'équilibre
inter-personnel: tenir sa place au
foyer, en société, établir des relations harmonieuses et
profondes.
Ainsi,
nous pouvons définir la santé mentale comme un état d’équilibre
vers lequel tendre, caractérisé par un niveau de bien être
subjectif, par l’exercice des capacités mentales et relationnelles
avec le milieu environnant. Elle résulte d’interactions entre des
facteurs de trois ordres : des facteurs biologiques, relatifs
aux caractéristiques génétiques et physiologiques de la personne ;
des facteurs psychologiques, liés aux aspects cognitifs, affectifs
et relationnels ; et des facteurs contextuels, qui ont trait aux
relations entre la personne et son environnement (sa niche
écologique). Ces facteurs sont en mouvement perpétuel et demandent
à la personne un rééquilibrage constant.
La
personne en bonne santé mentale est donc capable de s’adapter aux
diverses situations de la vie, faites de frustrations et de joies, de
moments difficiles à traverser, de problèmes à résoudre, de défis
à relever, de moments de bonheur à partager. Elle se sent
suffisamment en confiance pour s’adapter à une situation nouvelle,
à laquelle elle ne peut pas changer grand-chose, si ce n’est le
regard qu’elle jette quant à sa manière de l’appréhender.
Cette personne vit au quotidien des peurs ou des blessures plus ou
moins anciennes, qui pourraient contaminer son présent, perturber sa
vision du monde et hypothéquer son avenir, mais qui maintenant lui
permettent d’avoir une bonne estime d’elle-même (savoir-être)
et de s’affirmer sainement (savoir-faire), en accord avec cette
réalité qu’exprime le poète biblique dans le Psaume 139, aux
versets 13 et 14 :
« C’est
toi qui as formé mes reins, qui m’a tissé dans le sein de ma
mère.
Je te
loue de ce que je suis une créature si merveilleuse. Tes œuvres
sont admirables ; et mon âme le reconnaît bien »
Jean-Michel MARTIN |