Le C.A.P.  -  Centre d'Aide Psychothérapeutique

drapeaueng.jpg (1075 octets) drapeauall.jpg (918 octets)

courrier.gif (11356 octets)

AccueilHistoiresPoésiesFormationLivre d'orLiensLe coin des artistes A lire

La Logothérapie

   

Historique
L'appel de la mer
Surfer
Psycho-Jeu
Notre dernière prise
Echapper aux manipulations
Gérer son temps
Les saisons de la vie
Survivre à l'épuisement
L'échec
Vaincre les addictions
Baliser l'espace relationnel
Sortir de son îlot de solitude
Le silence
Destination: amour
Dieu-maman, Dieu-papa
La main
Pardon
Rire
Généalogie de Matthieu
La Samaritaine
Homosexualité
Marcher
Les "pourquoi" de Jésus
Elie, le voyage au bout du tunnel
La chaussure en grande pompe
Gérer ses émotions
Le bonheur en psychothérapie
Parcours d'un combattant : Jacob
Le changement en psychothérapie
La Logothérapie
En voyage
Modèle holistique intégratif
Le chercheur d'or

nouveaute.gif (2941 octets)

Le pouvoir des clefs
Notre courbe des étapes du deuil
L'image de Dieu
Le reste : survivants, rescapés, réchappés…
Soucis : déposez –vos …. ou comment vous désencombrer !
Le modèle biblique des deux témoins 
Pacte avec les yeux, veillez avant d’avaler
Notre conception de la santé mentale

  

    
1. Introduction

La Logothérapie (en grec logos, = parole, raison) est une approche psychothérapeutique mise au point par le psychiatre viennois Viktor FRANKL 1905-1997), et elle ne peut être comprise qu'à la lumière du vécu de son fondateur. Elle considère la responsabilité humaine comme essence même de l'existence , et elle essaie de faire valoir à l'être, au patient, quelles sont ses responsabilités : à lui de choisir ce dont il se sent responsable, envers qui et envers quoi il se sait responsable. L'intervenant (thérapeute, conseiller, accompagnateur…), est moins porté que le thérapeute traditionnel à proposer, voire même à imposer ses valeurs à son patient, car il ne veut aucunement prendre la responsabilité à sa place.

La personne concernée essaie de trouver un sens à sa vie, même à sa souffrance, et elle peut le faire de trois façons différentes :

a) à travers l'accomplissement d'une bonne oeuvre ou d'une bonne action, qui favorise le déploiement de ses possibilités, de ses potentialités, et la fait sortir de la passivité, de son statut de victime impuissante ou résignée ;
b) en faisant l'expérience de quelqu'un ou de quelque chose : en vivant par exemple ce qu'est la bonté, la vérité, la beauté ; en entrant en contact avec la nature ou avec une certaine culture ; ou en découvrant (ce qui est encore mieux), ce qu'est l'amour véritable et unique (ce que la Bible appelle l'amour-agapê : agaph, chanté par l'apôtre Paul dans 1 Corinthiens 13) ;
c) en prenant une attitude adéquate face à la souffrance, surtout face à la souffrance inévitable : placé dans une situation désespérée, il reste encore à l'être humain la liberté de choisir l'attitude à prendre : vivre jusqu'au bout ; mourir dans la dignité, assumer ses souffrances.

On peut prendre l'exemple du calendrier : le pessimiste ressemble à l'homme qui voit avec tristesse son calendrier amincir de jour en jour. L'optimiste ne veut en retenir que les jours de fête ; par contre, le réaliste, qui a mûri dans sa vie, accueille l'aventure de l'existence, et il collectionne amoureusement les feuilles de son calendrier, qu'il a annotées. Il se penche avec joie, fierté ou reconnaissance sur la richesse de ses feuilles conservées.
Pourquoi regretter sa jeunesse ? Que lui importe de vieillir ? Son histoire est riche, avec un fil conducteur, incluant les joies, les peines, le travail, les loisirs, les souffrances rencontrées…

Avec le temps, le recul nécessaire, il trouve une logique interne (mémoire sémantique) dans sa trajectoire de vie, acceptant (sans se résigner), ce que dit la Bible dans Romains 8, 28 : " …Toutes choses concourent (sunergei, = synergie) au bien de ceux qui aiment (agapvsin) Dieu… ". Cela implique bien sûr la nécessité d'une relecture du passé (dont on tire des leçons), du présent (perçu plus comme un jardin à cultiver que comme une jungle à affronter), et du futur qui peut ouvrir la porte sur d'autres découvertes à partager, comme autant de cadeaux reçus et offerts.

2. Biographie

vfrankl.jpg (22508 octets)

Viktor FRANKL est né à Vienne le 26 mars 1905. Son père, Gabriel FRANKL, originaire de Moravie, travaillait comme sténographe au gouvernement, avant de devenir directeur du ministère aux affaires sociales. Sa mère, Elsa LION, est née à Prague.
Deuxième d'une famille de trois, Victor savait dès l'âge de quatre qu'il serait médecin. A la fin de ses études secondaires, il rédigea un essai psychanalytique sur SCHOPENHAUER, tout en commençant un intense échange épistolaire avec Sigmund FREUD. En 1925, in rencontra FREUD en personne, et publia des articles dans le Journal International de Psychologie Individuelle d'Alfred ADLER. En 1926 il utilisa pour la première fois le terme de Logothérapie dans un cours public. A partir de 1928, il travailla dans la Clinique psychiatrique de Vienne, tout en s'occupant bénévolement d'adolescents en difficulté. En 1930, il obtint son doctorat en médecine, tout en continuant à se spécialiser en neurologie.

En 1933, il devint responsable du service des femmes suicidaires à l'hôpital psychiatrique, comptant plusieurs milliers de patientes. En 1937, il ouvrit son propre cabinet en neurologie et en psychiatrie. Un an plus tard, les troupes hitlériennes envahirent l'Autriche : il obtint un visa pour aller aux Etats-Unis, mais pas ses parents âgés. Il décida donc de rester avec eux, et de s'en occuper.

En 1940, il fut nommé responsable du département neurologique de l'Hôpital Rothschild, la seule institution médicale pour juifs à Vienne sous le régime nazi. Il établit de nombreuses ordonnances médicales falsifiées pour ses patients, afin de les soustraire aux nouvelles exigences d'euthanasie promulguées à l'encontre des malades mentaux. C'est durant cette période troublée qu'il commença la rédaction de son manuscrit, Ärzliche Seelsorge (cure d'âme médicale), qui deviendra la pierre angulaire de son ouvre).

Il se maria en 1942, mais en septembre de cette même année, il fut arrêté, avec sa femme, son père, sa mère, son frère, puis transféré au camp de concentration de Theresienstadt, en Bohème. Son père mourut de faim, alors que sa mère et son frère furent tués à Auschwitz en 1944. Son épouse mourut à Bergen-Belsen en 1945. Seule sa sœur Stella survécut, ayant émigrer en Australie un peu plus tôt.

Durant son transfert à Auschwitz son manuscrit fit découvert et détruit. Il était animé de l'ardent désir de terminer son ouvrage, et surtout de retrouver les siens. Après son transfert dans deux autres camps, il fut touché par la fièvre typhoïde, et il survécut grâce à son désir de rédiger son ouvrage, utilisant des rouleaux de papier volés : il ne voulait pas achever sa course avant d'avoir mener à bien l'objectif qu'il s'était fixé, et il ne voulait surtout pas accorder à ses adversaires le plaisir de le réduire à néant.

En avril 1945, son camp fut libéré, et il retourna à Vienne, pour y découvrir le décès de ses êtres les plus chers. Il en fut brisé, se sentit désespérément seul et comme abandonné. Pourtant l'exigence de mémoire et de témoignage l'emporta sur l'envie de disparaître et de baisser les bras.

Il accepta la charge de directeur de la Polyclinique Neurologique de Vienne, poste qu'il occupa durant 25 ans. Il publia finalement son ouvrage, et obtint une chair d' enseignement à la Faculté de Médecine de l'Université de Vienne. En moins de neuf jours, il dicta un autre livre, qui devint le fameux Man's Search for Meaning, dont il vendit neuf millions dans l'édition anglaise ! L'ouvrage est traduit en français sous le titre Découvrir un sens à la vie. Il rencontra une jeune infirmière, Eléonore SCHWINDT, " Elly ", qui avait la moitié de son âge, et qu'il épousa en 1947. En décembre de la même année, elle lui donna une fille, Gabrielle.

En 1948, il reçut son Doctorat en Philosophie, son sujet de thèse étant Le dieu inconscient. Il devint professeur associé à en neurologie et en psychiatrie à l'Université de Vienne, alors qu'en 1950, il fonda la Société Médicale Autrichienne pour la Psychothérapie, dont il devint le président. Il fut nommé professeur ordinaire, et devint célèbre y compris dans les cercles en dehors de Vienne. Il obtint le prix Oscar PFISTER, et fut nominé pour le Prix Nobel de la Paix. Il enseigna à l'Université de Vienne jusqu'en 1990 (85 ans). Il aimait la varappe et obtint son brevet de pilote à 67 ans.

En 1992, des amis fondèrent l'Institut V. Frankl, il reprit deux ouvrages ultimes : en 1995, son Autobiographie, et en 1997 Man's Ultimate Search for Meaning. Il nous laisse 32 livres, traduits en 27 langues. Il mourut le 2 septembre 1997, d'un arrêt cardiaque. Il produisit une œuvre riche et variée, d'une actualité brûlante et d'un impact immense.

3. Sa pensée, son cadre théorique et pratique, son apport au champ psychothérapeutique

Son cadre conceptuel et sa pratique thérapeutique sont donc intimement liés à son vécu dans les camps de la mort nazis. Etant confronté à sa propre expérience de la mort et à celle des autres, il put faire sienne la devise de F. NIETZCHE : " … celui qui sait le pourquoi de sa souffrance, peut en endurer n'importe quel comment ". Il constata que celui qui avait la foi, celui qui conservait un projet, celui qui gardait l'espoir de revoir les siens, ou qui avait l'espérance que les choses allaient s'améliorer, avait plus de chances de s'en sortir que celui qui avait baissé les bras et avait abdiqué.

Il apparut comme une troisième alternative à l'approche viennoise : si FREUD était le champion du principe de plaisir comme source de toute motivation humaine ; si ADLER était le champion de la volonté de puissance ; lui-même se voyait comme le chantre de la volonté de trouver un sens à.

Il insista également sur l'inconscient spirituel, à l'écoute duquel il invite à se placer pour parvenir à surmonter notre vide existentiel, dont la marque principale est d'une part l'ennui, et d'autre part la peur : peur de ne pas avoir assez, peur de ne pas être à la hauteur des attentes sociales, peur de ne pas avoir fourni la somme d'efforts requis ...

Il parle d'hyperintention : nous devons accomplir trop d'efforts, déployer trop d'énergie pour réussir, ce qui nous stresse et consomme notre force : par peur de ne pas dormir, certains accomplissent des efforts, qui les fatiguent au point qu'ils entretiennent leur insomnie ; d'autres sont habités d'un autre faux schéma mental : je dois être un amant exceptionnel, faisant vivre de multiples orgasmes à ma partenaire. Pour être à la hauteur, je m'imagine (à tord), que je dois faire beaucoup d'efforts, accomplir de véritables prouesses sportives et sexuelles, qui en réalité sont au dessus de mes vraies capacités, ce qui provoque une frustration et une … certaine impuissance (cercle vicieux qu'il faut rompre ) !

Il nomme triade névrotique de masse la dépression, l'addiction (dépendance) et l'agression.

La quête la plus importante reste la recherche de sens, possible grâce au lien avec la transcendance (celui qui nous dépasse). Il invite à dépasser l'impression de vacuité : " von der Sinnleere zur Sinnlehre "

Au niveau plus thérapeutique, il utilise la technique de l'intention paradoxale , qui permet dépasser le cercle vicieux de l'anxiété anticipatoire et de l'hyperintention : il s'agit de souhaiter ce que l'on craint le plus, de désirer ardemment ce qui fait le plus peur. Ainsi celui qui souffre d'insomnie, au lieu de chercher à s'endormir ou à trouver le sommeil en se retournant dans son lit, devrait se lancer un défi : rester éveillé le plus longtemps possible, lutter contre le sommeil. Petit à petit, il tombera de sommeil et s'endormira !

Une autre technique est la déréflexion ou la décentration de soi: au lieu de n'être centré que sur soi, il faut prêter attention aux autres. Si j'ai des problèmes dans le domaine sexuel, au lieu à chercher ma propre satisfaction, je peux chercher à satisfaire l'autre : en me décentrant de mes problèmes, en cherchant à satisfaire l'autre, en répondant à ses besoins et à ses attentes, je contribue à ma propre satisfaction et je relativise mes propres difficultés, que je peux du coup mieux surmonter.

Son apport majeur nous semble être son rapport à la souffrance : il y a plusieurs réponses possibles face à la souffrance, surtout dans le fait qu'il y a avant tout des êtres souffrants, cherchant à trouver un sens à leurs blessures, tâchant de percer le mystère de leur expérience si douloureuse.
Certains sombrent dans la résignation ou la dolorisme ; d'autres se consument dans la colère; certains, enfin, entretiennent une sombre conception de la vie, qu'ils déclarent absurde. Pour FRANKL, il s'agit d'assumer sa part de liberté et de responsabilité jusqu'au bout : pour exister, il faut des raisons d'exister, et si j'arrive au bout de ma course, je peux me rendre compte qu'elle a été utile, féconde.

Dans ma propre pratique thérapeutique auprès des personnes endeuillées, j'utilise l'approche de FRANKL. Je commence par bien les écouter dans leur sensibilité meurtrie ; puis une fois qu'elles ont réussi à assumer la phase émotive de leur deuil, je leur pose la question du sens que leur vie va prendre après la perte vécue. Comment la souffrance, si insoutenable soit-elle, peut-elle vous conduire à une meilleure connaissance de vous-même? Quelles nouvelles ressources pouvez-vous y trouver ? A quelle nouvelle maturité êtes-vous appelée ? A quoi êtes-vous initié(e) ? En quoi cela vus édifie-t-il ?

Le plus souvent, quand une personne arrive à trouver un sens à sa souffrance, il en résulte pour elle et son entourage, une meilleure connaissance de soi, de son identité profonde, et de sa mission personnelle. Une perte bien assumé pousse à se dépouiller des masques, de ses identités superficielles, pour introduire à une plus grande conscience de l'unicité de l'être propre et de son agir. De coup, cela pousse à plus d'amour pour autrui, à plus d'humilité, et à plus de tolérance dans la compassion, sans pour autant se noyer dans les difficultés d'autrui et sans prétendre les porter à sa place!

4. Petite bibliographie sélective

FRANKL Victor, Découvrir un sens à la vie, Editions de l'Homme, Montréal, 1988
FRANKL Victor, le dieu inconscient, Le Centurion, Paris, 1975
LUKAS Elisabeth, Psychotherapie in Würde. Sinnorientierte Lebenshilfe nach Viktor E. Frankl, Beltz Taschenbuch, Weinheim, 2003
MONBOURQUETTE Jean, Aimer, perdre, grandir. Assumer les difficultés et les deuils de la vie, Bayard Editions, Paris, 1995
VIORST Judith, Les renoncements nécessaires, R.Laffont, Paris, 1986

Jean-Michel MARTIN


    

Haut de Page